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INTERVIEW de Yves Med, gérant du salon de coiffure afro Kemet Care à Montpellier

INTERVIEW de Yves Med, gérant du salon de coiffure afro Kemet Care à Montpellier
Il existe un certain nombre d'entrepreneurs inspirants dans le domaine de la beauté afro qui ont bâti des entreprises. En nous inspirant de leur histoire, nous pouvons trouver des moyens de rester motivés et d'aller de l'avant, quels que soient les obstacles qui se dressent sur notre chemin.


Yves Med, fondateur du salon de coiffure afro Kemet Care est l'un de ces entrepreneurs.

Découvrez son parcours...
Sommaire

Découvrez l'interview de Yves ci-dessous :

Vous pourrez retrouver la transcription ci-dessous, mais l'interview n'est pas entière. Je vous conseille de l'écouter ! :)

Flora : Bonjour Yves, Bienvenue dans le podcast de Zenaba !

Yves : Merci de m'avoir invité,

Flora : c'est vraiment un plaisir pour moi de vous interviewer aujourd'hui. En quelques mots, vous avez un salon de coiffure pour les cheveux bouclés, frisés, et crépus situé dans le sud de la France à Montpellier.

Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours professionnel avant la création du salon de coiffure KemetCare ?

Yves : Je viens de de Martinique, j'ai fait ma scolarité là-bas, je suis quelqu'un qui aime beaucoup l'art, qui dessine beaucoup, mes parents n'étaient pas trop trop pour, ils voulaient que je fasse de longues études, donc je me suis dirigé vers la comptabilité et la banque, ça n'a rien à voir avec la coiffure.

J’ai fini ces études, j'ai fait mes stages en comptabilité ou à la banque, et puis très vite je me suis rendu compte que ça ne me correspondait pas. C'était très carré à la banque, il fallait s'habiller tous les jours avec une cravate, une chemise, le créatif qui est en moi n’a pas pu se mettre dans ce moule là , comme je me sentais un petit peu prisonnier, j'ai commencé par la création de du site internet parce que j'avais plein de gens autour de moi, des femmes majoritairement, qui me disaient qu'elles ne trouvaient pas de soins adaptés à leurs cheveux etc.. c'était une vraie problématique.

Et en 2016, j'ai créé le e-shop j’ai référencé des produits capillaires naturels. Après les personnes venaient, ils me disaient qu'ils aimeraient sentir les produits, tester, avoir des conseils... Il y avait déjà un blog mais voilà il n'y avait pas cette partie relation client. Petit à petit le projet s’est développé, il y a eu la la coiffure, des périodes de tests ou on testait les soins avec les petites coiffures chez moi , après il y a eu le covid.

C'est post-covid, en juillet 2020 qu'on a débuté. Je n'ai pas commencé par la coiffure, c’est un concours circonstance.

Depuis quand existe le salon de coiffure Kemet Care ?

Yves : On a démarré donc en juillet 2020, on devait ouvrir en mars 2020, mais avec le covid du coup, on a repoussé de quelques mois, avec une partie boutique, les clients étaient ravis.

Comment a été le le démarrage ?

Yves : Alors le démarrage a été un peu spécial par rapport aux règles d'hygiène, les débuts étaient timides, les clients venaient une première fois, et revenaient donc on avait quand même de bons signes, donc ça nous encourageait, on a eu des recommandations. Petit à petit, le bouche à oreille a fait son travail.

Vous avez fait une formation de coiffure ?

Yves : Je n'ai pas fait de formation coiffure. Alors je sais coiffer, les tresses ou d'autres coiffures africaines.

J'avais le choix entre passer mon diplôme et ne pas passer le diplôme, ma famille voulait que je le passe, mais j'ai réfléchi, je me suis dit pourquoi ne pas m'associer avec des personnes qui ont déjà de l'expérience, j'apprendrai beaucoup plus en m’associant avec quelqu'un, pour former, pour créer, au départ des prestations de la de coiffure, au lieu de partir de zéro.

Ça n'a pas dû être évident de de trouver des coiffeurs ou des coiffeuses qui savent coiffer le cheveu crépu, c'est le parcours du combattant, vous avez combien de coiffeurs dans votre salon ou coiffeuse ?

Yves : J'en ai quatre.

Flora : ah ben c'est c'est énorme ! C'est quand même pas mal

Yves : oui après, on s'est perfectionné, j'ai une vision qui fait que j'oriente un peu l'équipe, mais chacun apporte beaucoup.

Flora : J'imagine que oui pour le recrutement, ça doit être la croix et la bannière surtout à Montpellier parce qu'on a l'impression que tout se passe sur Paris mais c'est vrai qu'en province, il y a quand même un fossé avec la capitale.

Yves : Je vois que tu es au courant

Flora : Moi j'habite à Orléans, Montpellier c'est plus grand, mais ayant vécu sur Lyon aussi, voilà je sais qu'en province c'est beaucoup plus compliqué. Il y a Paris et le reste de la France

Yves : Oui complètement je suis d'accord avec toi !

Pourquoi le nom Kemetcare ?

Yves : Quand je cherchais un nom pour le salon, pour la boutique, je sais pas pourquoi, c'était l'intuition, je voulais quelque chose, un autre nom qui soit plus originelle.

Dans mes recherches, je suis tombé sur le nom du Kemet, et ce qui m'a marqué c'était que les Égyptiens ont créé les premiers peignes afro. Au musée du Louvre tu vois il y en a. Les premières tresses datent de là, je me suis dit en fait on est dans une époque bizarre, une époque pour les africains ou les afrodescendants, ou aujourd'hui on ne sait plus s'occuper de nos cheveux, ça veut dire que la connaissance a disparu par rapport à notre histoire, il y a beaucoup de de connaissances qui ont disparu ,de savoir, et le but c'est de retrouver ce savoir qui nous appartenait.

Flora : Il y a un besoin de de retour au aux origines.

Yves : Voilà exactement, un retour aux origines, avec tout ce qui va avec, parce qu'il y a un certain rejet du coup de notre cheveu, notre chevelure texturé.

Voilà mais je serai disponible sous ce nom-là, et il prend son sens année après année.

Flora : Je trouve que c'est un beau clin d'œil au mouvement nappy qui est là depuis des années 2000, on reprend un un peu possession de notre beauté, on essaie de retrouver justement les savoirs  d'origine euh on réapprend à s'occuper de de nos cheveux.

Je pense que ça correspond plutôt bien c'est un très beau nom

Yves : Merci beaucoup merci

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Dans votre salon quel type de prestation proposez-vous à à vos clients ?

Yves : On s'est axé à la base sur les soins parce que les cheveux texturés dans un pays qui n'est pas fait pour, s'assèchent donc on a commencé par là, ensuite est venu les coupes sur cheveu bouclé, frisé, crépu, pour que ces personnes puissent avoir une coupe correct sans devoir les lisser, ça a été le deuxième combat pour réussir à élaborer les techniques de coiffage et de coupe.

La troisième grosse prestation ce sont les coiffures africaines, les tresses, les dreadlocks.

Flora : Vous faites les locks également ?

Yves : Oui, on fait les locks.

Je t'ai dit les les grosses prestations, ce sur quoi on a on a vraiment débuté.

Aujourd'hui on fait aussi de la coloration, des soins, des lissages et des assouplissements, et là c'est du cas par cas en fait, c'est dû aussi à la clientèle de Montpellier, on avait des femmes qui vous laissent faire certaines choses mais on voit que leurs cheveux étaient abîmés, l'idée c'était de ne pas les laisser aller autre part, parce qu'on sait que autre part ça aurait été pire, le but est de les accompagner, de les sensibiliser au fait que si elles font des assouplissements, "vous allez changer la texture de votre cheveux, il est très beau naturellement pourquoi vous voulez le le champ le changer" par exemple, elle a expliqué qu'elle veut quand même, il y aura des soins à faire. Dans la coiffure afro, il y a de tout, on s'est dit que l'on va miser sur l'accompagnement, ne pas se fermer.

Vois-tu une évolution capillaire chez certaines clients ?

Yves :Les habitudes et les croyances sont bien ancrées. Depuis la naissance, pendant des années , on a l'habitude de se coiffer comme ça, de faire ce que maman a fait, de faire ce que les copines font, c'est très dur d'aller à contre-courant, même si au final on sait que ben c'est pas forcément le meilleur choix, on reste dans le confort, c'est ancré !

On a des personnes qui effectivement repartent à zéro change vraiment, ont l'envie parce que c'est aussi de la motivation.  Les personnes qui ont vraiment envie de changer, on les accompagne dans ce sens il y a des résultats à la fin.

Pour les plus jeunes c'est plus simple, je dirais les moins de 30 ans, plus de 40 ans c'est un peu plus compliqué.

C'est la génération qui a commencé avec internet, avec toutes les informations sur les cheveux crépus, comment s'en occuper... donc je peux comprendre que ce soit difficile, ça demande plus de temps de changer [...]

Quelles sont les coiffures les plus demandées dans to salon ?

Yves : Je dirais que c'est la la coiffure "Bar à boucle" 

Flora : C'est quoi du coup la coiffure "Bar à Boucle" ?

Yves : C'est une prestation qu'on a appelé Bar à boucle parce qu'il y a un gros soin profond personnalisé en fonction du diagnostic qu'on a fait avant, il y a la coupe sur cheveux texturés et le coiffage de la boucle avec les bons produits correspondant au type de boucles. C'est cette prestation là qui marche un peu plus que les autres, sinon on peut avoir des semaines où il y a beaucoup de tresses, des semaines où il y a beaucoup de colorations et de balayages, ça diffère, on s'ennuie pas.

Flora : Il n'y a pas beaucoup de salons de coiffure afro clairement c'est pour ça que quand je suis tombée sur ton salon, j'étais contente de voir qu'il y avait des salons aussi à Montpellier, pour la plupart d'entre nous c'est pas évident de confier sa tête à un coiffeur ou ou à une coiffeuse.

Est-ce que les personnes que que tu reçois dans ton salon sont souvent novices ou c'est 50/50, tu as un peu de tout ?

Yves : Je dirais au départ c'était plus de novices aujourd'hui c'est du 50/50 effectivement, il y a des personnes qui reviennent après à des dates différentes. il y en a qui reviennent chaque deux mois, il y en a qui reviennent chaque 6 mois, chacun ses habitudes, une fois par an aussi. Je pense juste une fois par an différent d'une coupe et un gros soin, du budget aussi de de chacun. 

Est-ce que beaucoup de femmes repartent à zéro au niveau de des soins un notamment est-ce que tu as tu reçois les personnes pour faire des big shop ?

Yves : On en a eu, c'est pas commun. En général on s'y attend pas non plus, ça veut dire que c'est en discutant avec la cliente qu'elle a envie de renouveau et qu'elle exprime le fait de vouloir tout couper. Ça arrive mais c'est toujours une petite surprise quand même, parce qu'en fait les clientes elles viennent pas forcément pour ça, c'est en discutant avec elles, elles se rendent compte que si elles ont abîmés, il faut peut-être tout couper.

En tout cas elle ne l'exprime pas forcément avant,[...] ça dépend c'est c'est vraiment variable ok donc

Au début de l'interview tu nous as parlé de ton shop en ligne, quelles marques vends-tu et comment as-tu choisi les produits ?

Yves : On voulait choisir des produits majoritairement français crées par des afro-entrepreneurs, c'est ça l'idée, je suis allé démarcher majoritairement  les premières marques c'était une Nappy Queen, les secrets de Loly, Soarn, c'était les premières marques que l'on a démarché. On a essayé d'élargir le catalogue ça n'a pas été simple, l'e-shop demande beaucoup d'investissement, du stock, ça n'a pas été facile surtout pour les produits français, il n'y avait pas encore autant de produits français,ils étaient plus cher que les produits américains, et les clients étaient plus produits américains, c'était du shea Moisture, les marques françaises reprennent le contrôle et donc on essaie toujours de valoriser les marques créé par des afro entrepreneurs même si c'est pas toujours évident.

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J'ai vu aussi que tu proposais des ateliers est-ce que tu peux nous en dire plus ?

Yves : C'est récent ! Beaucoup de mères qui ont des enfants métisses venaient nous demander des conseils? donc on a eu l'idée de commencez à faire des ateliers.

On en a déjà fait un premier le mois dernier qui s'est très très bien passé, on a eu de bons retours.

L'idée c'est de proposer autre chose, de connecter les parents qui ont les mêmes problématiques, pouvoir créer un petit moment convivial où ils puissent apprendre, et en même temps passer un bon moment, on veut acquérir des connaissances, les transmettre et les partager. On s'est dit qu'on allait aussi faire venir des experts dans leur domaine, faire des ateliers avec nous mais avec d'autres experts, on apprendrait aussi.

Flora : C'est un bon projet, j'imagine que c'est vrai que les personnes qui sont à côté il y a beaucoup de personnes voilà qui qui savent pas forcément coiffer les cheveux de leurs enfants c'est vrai que ça c'est c'est toujours une bonne idée, pour donner confiance aux enfants, apprécier leurs cheveux, à pas les dénigrer, c'est super important.

Yves : Carrément, exactement, toute cette partie là comme tu dis, les bons mots à dire à l'enfant, les mots à à ne pas dire.

Flora : Nous on a grandi un peu avec ça avec ce dénigrement le "ton cheveu, il est dur"  "il faut mettre beaucoup de produits" "Cache-le si tu veux faire coiffer" C'est tout un travail mais c'est en train de changer, je pense qu'on va dans le bon sens au fur et à mesure. Ça va prendre un peu de temps, on va dans le bon sens.

Que recommanderais-tu à une personne qui veut prendre soin de ses cheveux texturés ?

Yves : Qu'est-ce que je recommanderais ? La chose qui me parait essentiel c'est de connaître son cheveu, j'ai un cheveu crépu, sur un autre cheveu crépu, les mêmes produits ne fonctionnent pas. Il faut déjà connaître son cheveu, pouvoir faire des tests, comment il réagit. [...] Si cette première chose qui est faite dans le reste ça ira tout seul.

Flora : C'est important de tester comme tu dis pour savoir qu'est-ce qui correspond à son cheveu, c'est la meilleure façon parce que c'est vrai qu'on a souvent tendance à vouloir prendre les produits de sa voisine ou de son voisin en disant ça marche sur eux donc ça va marcher sur moi forcément, on peut avoir des surprises selon les produits, je pense qu'il faut se faire confiance et faire ses propres tests c'est à peu prendre du temps.

Yves : Ça prend forcément du temps et puis après la la seconde chose c'est apprendre à se coiffer, je trouve que c'est une grande barrière, en ce qui concerne en tout cas, le cheveu de texturé, pour en prendre soin, il faut le coiffer, on peut pas le laisser à l'air libre comme ça, il va s'assécher surtout quand on est dans les pays froids, la température n'est pas propice à cela donc je dirais, si on sait faire quelques tresses ou des vanilles par exemple, ça va les maintenir en forme et ça va éviter qu'ils sèchent et qu'ils se cassent.

Dans tes ateliers tu apprends à faire des vanilles, des tresse ?

Yves : Pour les ateliers parents-enfants, on va montrer des bases mais on ne peut pas, ça durerait longtemps je pense. Il y a les bases qu'on qu'on apprend, les vanilles, c'est quelque chose qui est rapide à faire, tout le monde peut le faire, après ça une maman peut faire le shampoing et le soin puis faire des petites vanilles à son enfant pour toute la semaine, comme ça elle n'a pas besoin de se poser la question de comment je vais coiffer ma petite fille ce matin.

Pour finir quels sont tes prochains objectifs avec les mecs ?

Yves : Les prochains objectifs... se perfectionner, on a la chance d'être dans la coiffure africaine, il y a beaucoup de choses à faire, beaucoup de compétences, on ne se rend pas compte, ça évolue en plus au fil des du temps. Donc se perfectionner et pourquoi pas se développer.

Flora : En même temps les cheveux sont tellement versatiles, il y a tellement de techniques à apprendre, c'est vrai que chaque année on voit une nouvelle chose qui arrive c'est impressionnant donc j'imagine oui que il y a encore du chemin même en tant que coiffeur voilà peut-être toujours des choses tu as toujours des choses à apprendre j'imagine.

Yves : C'est challengeant !

Flora : Tu as trouvé l'activité de de tes rêves

Yves : Carrément !

Flora : C'est parfait bon en tout cas euh voilà on a interview va se terminer ici. Je te remercie vraiment d'avoir accepté de répondre à mes questions, et puis j'espère que ça peut inspirer d'autres coiffeurs ou coiffeuses à ouvrir son salon  ou son shop en ligne.

Yves : Merci de m'avoir invité

Flora : Je te souhaite une très bonne journée merci à bientôt

Yves : à bientôt

Le salon de coiffure afro KemetCare - 9 avenue du Pont Juvenal 34000 Montpellier

Avez-vous déjà tester ce salon ? Parlez-nous de votre expérience en commentaire !

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